reponse

 

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© Transcription du mémoire d'Hyppolite Sebron.

La copie de ce texte, même partielle, n'est pas autorisée.

par Jacques Roquencourt.

collection François Binetruy

 

Note sur les travaux de Mr Hyppolite Sebron.

Ma carrière artistique commence par le décors.

Je travaillais à l'Ambigu Comique et à l'Opéra lorsque Daguerre créa le Diorama et vint me chercher. Je fus à partir de ce moment son collaborateur assidu mais anonyme.

Mr Daguerre est mort, ce n'est point le moment de récriminer contre lui, je ne l'ai pas fait durant sa vie. D'ailleurs Mr Daguerre qui me donnait des appointements croyait payer travail suffisamment (dans le texte), pour en faire légitimement son talent propre, et sa réputation. Sie su vos non vobis*, me fut appliqué dans toute sa rigueur. J'eus aussi, et aux mêmes titres et avantages de seconder dans ses travaux de peinture Mr Bouton l'associé de Mr Daguerre. Après 1830 Mr Bouton se retira du Diorama, Mr Daguerre restant seul propriétaire, me proposa, sinon une association du moins une collaboration en titre. Les notices du Diorama et les journaux du 20 octobre 1834 tels que le journal des travaux publics, le messager, le courrier français, et le courrier des théâtres, en font foi.

Il s'agissait alors de me retenir. Après divers travaux exécutés en Angleterre, on me faisait des offres avantageuses pour Londres. je préférai une ombre de gloire à Paris, à la fortune à l'étranger, j'étais très jeune je restai.

Ceci pour faire comprendre pourquoi j'insiste sur les détails de mon concours au Diorama et l'importance que j'y attache.

Ce fut alors, pour marquer cette époque et pour conquérir un peu cette réputation à laquelle je sacrifiais tout, que j'employai les ressources de mon expérience déjà grande, a combiner et perfectionner les tableaux Dioramiques à double effet. Le résultat fut: La vue du bassin du commerce à Gand, tableau représentant le jour et la nuit: l'Intérieur de St Etienne du Mont vu le jour et pendant la messe de minuit . L'effet du jour représentant l'église à peu près vide. Elle se peuplait d'une nombreuse foule pendant l'effet de nuit. Ce tableau ainsi que la Vallée de Goldau entièrement de moi: compte pour les plus grands succès du Diorama de Daguerre. Je crois pouvoir avancer qu'ils sont restés dans la mémoire de tous ceux qui les ont vus.

Pour ces tableaux transparents à double effet, auquels moi seul ai travaillé, que j'ai perfectionnés et dont moi seul ai le secret, le gouvernement donna une pension de 2000 francs à Mr Daguerre.

Après cette épreuve on conçoit la détermination que je pris de renoncer au genre Dioramique et de cesser ma collaboration au Diorama, qui d'ailleurs brûla bientôt après sans avoir produit de tableaux nouveaux.

En somme voici le bilan de mes travaux chez Mr Daguerre. Sur 30 tableaux de 65 pieds de long sur 40 de haut, exposés pendant la durée de son existence, 14 ont été entièrement peints par moi; il va sans dire, qu'en ma qualité de collaborateur, j'ai contribué à l'exécution des autres.

Je donne ici pour mémoire, la nomenclature de mes oeuvres au Diorama.

En 1825

La vue de Brest.

La vallée de Chamounix.

Les Rochers du ST Gothart, Vues prises d'après nature et qui furent l'objet de voyages en Bretagne et en Suisse.

Le tableau du Déluge, d'après une composition de Daguerre.

L'Abbaye de Roslyn.

La Chapelle d'Holyrood.

Le Brouillard vu à travers un vestibule gothique. L'esquisse de 4 pieds peinte par moi fut vendue à Berlin et signée Daguerre.

Vue d'Edimbourg (clair de lune).

Le tombeau de Napoléon à St Hélène.

Une petite vue du grand canal de Venise.

La vue de Paris, prise de Montmartre.

En mai 1830 je fis un voyage en Italie, d'ou je rapportai plus de 150 vues de villes et de monuments. Après quoi je repris mes travaux au Diorama en terminant la vue commencée de l'Hôtel de ville, épisode de la révolution de 1830.

C'est alors qu'eut lieu le voyage à Londres dont j'ai parlé, et où je peignis cinq grands tableaux Dioramiques pour un spéculateur anglais** qui les emporta en Amérique où il fit, en les exposant, une petite fortune.

1833

La vue du Bassin du Gand.

L'Intérieur de St Etienne du Mont.

La vallée de Goldeau. Tableaux transparents à double effet.

Malgré ces grands travaux aux Diorama de Paris et de Londres, je ne cessai jamais depuis 1825 d'exposer au Louvre des toiles qui presque toutes furent le fruit des voyages, dont j'ai toujours eu le goût et que j'ai toujours entrepris, sans mission du gouvernement et à mes frais, risques et périls, ces tableaux m'ont valu quelques notoriétés dans le genre d'intérieur.

Voici la liste des principaux.

La vue intérieur a la petite église de Charonne près Paris fut mon premier tableau- il fut acheté par un grand amateur Mr de Courty.

Intérieur de St Vandrille- acheté par Mr Guiton alors régent de la banque.

Intérieur de St Omer- chez Mr Dantan Jeune.

Vue de la ville prise du faubourg- a Gand chez un amateur

Un cloître (clair de lune)- Mr Lachat ex agent de change.

Un autre cloître même effet - Mr Gervais à Paris.

1840

Vue de la cathédrale d'Auch-a Bruxelles chez un amateur.

Intérieur de St Marc de Venise - ce tableau rapporté d'un second voyage en Italie fut acheté à Rotterdam, et m'a valut le titre de membre de l'académie de Rotterdam et d'Amsterdam.

Vue du port d'Amsterdam au lever de la Lune- appartient au bourgmestre de cette ville.

1841

cathédrale de Milan - acheté par le roi Louis Philippe.

même sujet - au banquier Balano Basabio de Milan.

1842

Souvenir de la Durance (paysage effet de clair de lune)- acheté par le roi Léopold a l'exposition de Bruxelles.

Intérieur de l'église de St Jacques d'Anvers- idem.

C'est à la suite de cette exposition que je fus décoré de l'ordre de Léopold de Belgique.

1844

Vue intérieur de la chapelle de Windsor, toile de 10 pieds sur 7,5 de haut-exposé au Louvre acheté par le roi Guillaume II.

Une somnambule dans un cloître ( effet de lune et de lampe) - acheté par le même souverain.

1845-1846

Voyage en Espagne et au Maroc.A mon retour le prince de Montpensier ayant demandé à voir mes cartons y choisit 12 aquarelles pour l'album de la duchesse, outre mes dessins je rapportai de ce voyage.

La mosquée de Cordoue.

Les rochers de Ronda.

La vue générale de Grenade.

Toiles exposées en 1847 et 1848.

A l'époque de la révolution de février j'avais à Neuilly dans la galerie du roi Louis Philippe 22 tableaux qui furent brûlés dans l'incendie du Château.

juillet 1848

La distribution des drapeaux à la Barrière de l'étoile (effet de soir-commandé par le gouvernement provisoire).

Deux tableaux Dioramiques de 40 pieds, épisodes de l'insurrection de juin à la place de la Bastille; que j'emportais avec moi en Amérique après les avoirs exposés quelques jours dans l'atelier de Mr Le Comte de Neuvenkerke.

1849-1855

Voyage en Amérique.

Ce voyage est assurément le plus complet que jamais un artiste ait accompli dans ce pays.

Autant que possible j'ai taché de mettre à profit ce séjour de six ans; J'ai parcouru les différents états de l'Amérique.

De toutes ces études, que je puis croire unique je me réserve de faire un album.

Les grandes toiles que j'ai exécutés en Amérique sont:

1850

Une grande vue du Niagara-acheté à New York pour Lord Carlisle en Angleterre.

1851

Vue du port de la Nouvelle Orléans envoyé à l'exposition de 1853.

1855

Perspective de la principale rue de New York pendant l'hivers (effet de neige) toile de 10 pieds -admise à l'exposition universelle des beaux arts.

1856

Vue de la grande catarade du Niagara l'hivers (dont les esquisses ont été faites en février 1855 par un froid de 18 à 20 degrés-chez moi.

L'Amérique comme on sait est un pays ou le goût des arts plus que modéré. Ce n'est point avec des toile d'intérieur et des tableaux de genres qu'un artiste peut y vivre; Je dois donc dire, pour compléter cette notice sur mes oeuvres qu'il ma fallu plier mon talent au portrait. c'est donc le pastel que j'ai trouvé mon succès et ma plus grande ressource aux États Unis. les portraits que j'y ai fait y sont nombreux. J'en pourrai compter jusqu'a soixante.

notes de J R.

* ainsi vous travaillez et ce n'est pas pour vous.

** On montre à Londres un grand tableau dioramique de 1600 pieds carrés, peints par Sebron élève de Daguerre, d'après un dessin de M. Roberts. Ce tableau appartient à Lord Northwich. Il représente l'Emigration des Enfants d'Israël en Egypte. (L'Artiste 1831).

copies de peintures de Sebron sur ce site: Hippolyte_Sebron.

La chapelle d'Holyrood: copie du tableau du diorama de Daguerre, copie exposée au Louvre en 1838.

La rue de New-York

Un incendie à New York en 1855, Hippolyte Sebron ;

Rouen, musée des beaux-arts, peinture déposée à Blérancourt, musée national de la Coopération franco-américaine © RMN/Gérard Blot

Les chutes du Niagara

 

mise en ligne le 14 février 2008.

Nous disons à certains auteurs indélicats de respecter la propriété intellectuelle.


Avant propos: J'ai découvert ce manuscrit sur le site de Mr F Binetruy au début du mois de février. Le dimanche 10 février 2008 je tenais et lisais cette note. Devant l'importance du contenu, nous sommes convenu que j'en ferais l'étude et ce compte-rendu sur mon site. (Je remercie Mr Binetruy: J R)

© L'étrange notice des oeuvres de Sebron.

élève de Daguerre.

par Jacques Roquencourt.

Ce document jette l'opprobre sur Daguerre.

 

Sommaire: Sebron revendique dans ce manuscrit la paternité de 15 tableaux sur 20, exposés au Diorama sous le nom de Daguerre. Nous allons montrer en relevant les omissions, incohérences et mensonges, que derrière cette affirmation, il s'agissait d'un règlement de compte. Pour cela, nous nous aiderons des informations relevées dans la presse et surtout nous ferons référence à la correspondance entre Daguerre et les Niépce, pour démonter d'une manière irréfutable, les arguments de Sebron.

 

Dictionnaire

des Artistes

de l' École Française.

par Gabet 1831

©Archives Jacques Roquencourt

7 novembre 1827

Monsieur Martin*

Je vous tourmente toujours mais

non seulement je n'ai pas d'argent

mais je voudrai en donner à Sebron

mon élève à qui je n'ai encore rien

donné et aussi mon garçon d'atelier

Si cela se peu écrivez-moi combien

je puis prendre vous m'obligeriez.

tout à vous

Daguerre

* Mr Martin est le gestionnaire-financier du Diorama.

© Arch J Roquencourt

Nous reprenons ici les passages de la notice de Sebron0 qui amènent

des commentaires, des contradictions , ainsi que des compléments.

"Je travaillais à l'Ambigu Comique et à l'Opéra lorsque Daguerre créa le Diorama et vint me chercher. Je fus à partir de ce moment son collaborateur assidu mais anonyme 1.

Mr Daguerre est mort, ce n'est point le moment de récriminer contre lui, je ne l'ai pas fait durant sa vie. D'ailleurs Mr Daguerre qui me donnait des appointements croyait payer travail suffisamment (dans le texte J R) pour en faire légitimement son talent propre, et sa réputation2. Sie su vos non vobis*, me fut appliqué dans toute sa rigueur. J'eus aussi et aux mêmes titres et avantages de seconder dans ses travaux de peinture Mr Bouton l'associé de Mr Daguerre. Après 1830 Mr Bouton se retira du Diorama, Mr Daguerre restant seul propriétaire, me proposa, sinon une association du moins une collaboration en titre 3. Les notices du Diorama et les journaux du 20 octobre 1834 tels que le journal des travaux publics, le messager, le courrier français, et le courrier des théâtres, en font foi.

Il s'agissait alors de me retenir 3. Après divers travaux exécutés en Angleterre, on me faisait des offres avantageuses pour Londres. je préférai une ombre de gloire à Paris, à la fortune à l'étranger, j'étais très jeune, je restai.

Ceci pour faire comprendre pourquoi j'insiste sur les détails de mon concours au Diorama et l'importance que j'y attache.

Ce fut alors, pour marquer cette époque et pour conquérir un peu cette réputation à laquelle je sacrifiais tout, que j'employai les ressources de mon expérience déjà grande, a combiner et perfectionner les tableaux Dioramiques à double effet4. Le résultat fut: La vue du bassin du commerce à Gand, tableau représentant le jour et la nuit: l'Intérieur de St Etienne du Mont vu le jour et pendant la messe de minuit. L'effet du jour représentant l'église à peu près vide. Elle se peuplait d'une nombreuse foule pendant l'effet de nuit. Ce tableau ainsi que la Vallée de Goldau entièrement de moi: compte pour les plus grands succès du Diorama de Daguerre. Je crois pouvoir avancer qu'ils sont restés dans la mémoire de tous ceux qui les ont vus.

Pour ces tableaux transparents à double effet, auquels moi seul ai travaillés, que j'ai perfectionné et dont moi seul ai le secret5, le gouvernement donna une pension de 2000 francs à Mr Daguerre.

Après cette épreuve on conçoit la détermination que je pris de renoncer au genre Dioramique et de cesser ma collaboration au Diorama, qui d'ailleurs brûla bientôt après sans avoir produit de tableaux nouveaux6.

En somme voici le bilan de mes travaux chez Mr Daguerre. sur 30 tableaux de 65 pieds de long sur 40 de haut, exposés pendant la durée de son existence, 14 ont été entièrement peints par moi; il va sans dire, qu'en ma qualité de collaborateur, j'ai contribué à l'exécution des autres7."

"En mai 1830 je fis un voyage en Italie, d'ou je rapportai plus de 150 vues de villes et de monuments. Après quoi je repris mes travaux au Diorama en terminant la vue commencée de l'Hôtel de ville, épisode de la révolution de 18308.

C'est alors qu'eut lieu le voyage à Londres dont j'ai parlé, et où je peignis cinq grands tableaux Dioramiques pour un spéculateur anglais qui les emporta en Amérique où il fit, en les exposant, une petite fortune.9"

"Malgré ces grands travaux aux Diorama de Paris et de Londres, je ne cessai jamais depuis 1825 d'exposer au Louvre10"

* ainsi vous travaillez et ce n'est pas pour vous.

Remarques et observations sur cette notice:

0°-La dernière date mentionnée dans ce manuscrit est 1856: Bouton est décédé en 1853 et l'épouse de Daguerre en 1857. Nous ferons remarquer que les arguties ne ciblent pas Bouton.

A cette date le pamphlet d'Isidore envoyé, entre autre, à l'Académie des Sciences, avait fait des ravages.

Exemple: texte de l'abbé Moigno daté de 1850, en parlant d'Arago. "Son âme noble et généreuse ne lui a pas laissé soupçonner qu'on pouvait le tromper: et il s'est fait le narrateur trop fidèle des faits qui lui ont été fournis, faits dénaturés par M.Daguerre. Osons seulement faire un voeu; c'est que M. Arago profite de l'occasion qui lui sera certainement offerte un jour pour reconnaître que l'on avait attenté à sa bonne foi."

Première période: A partir du début du Diorama, en 1822, jusqu'en 1832. Tableaux à simple effet.

1°-Sebron ne fait aucunement mention qu'il a été l'élève de Daguerre. Ce dernier écrit le 7 novembre 1827: "non seulement je n'ai pas d'argent mais je voudrai en donner à Sebron mon élève à qui je n'ai encore rien donné". Ceci précise bien que Sebron n'était, à cette date, que l'élève de Daguerre et non comme il l'affirme, le collaborateur assidu.

2°-Cette lettre contredit aussi pour cette même époque les affirmations de Sebron " donnait des appointements croyait payer (sic) travail suffisamment".

7°-14 ont été entièrement peints par moi; il va sans dire, qu'en ma qualité de collaborateur, j'ai contribué à l'exécution des autres.

Sebron aurait peint 14 (15) tableaux sur les 20 tableaux présentés par Daguerre; plus la participation aux autres.

de 1822 à 1827.Conclusion pour ces années. La lettre de 1829 de Daguerre à Martin montre bien que Sebron est depuis peu de temps l'élève du directeur du Diorama et qu'il n'a pas participé aux tableaux de cette période.

La vue de Brest (peinte par Bouton et Daguerre), la Chapelle d'Holyrood (peinte par Daguerre aidé de Bouton), l'Abbaye de Roslyn (peinte par Daguerre), le Brouillard vue à travers un vestibule gothique (peinte par Daguerre), la Vue d'Edimbourg (clair de lune), dans ce dernier tableau c'est l'incendie d'Edimbourg qui était mis en valeur. Ces précisions sont mentionnées dans les journaux et surtout pour les chapelles d'Holyrood et de Roslyn dans l'ouvrage d'Auguste Jal sur l'exposition de 1824. Bouton et Daguerre reçurent la Légion d'Honneur, le 13 janvier 1825, pour leurs tableaux du Diorama. A ce sujet, le Comte de Forbin écrira le 13 octobre 1824 au Vicomte de La Rochefoucauld, "Mrs Bouton et Daguerre emploient un grand nombre d'artistes, on doit récompenser à la fois en eux un beau talent et une haute industrie...".

de 1828 à 1832. Les tableaux exposés pendant cette période sont: Le Village de Thiers, le Mont St Gothard, le Déluge, la Vue de Paris de Montmartre, le 28 juillet à l'Hôtel de Ville, le Tombeau de Napoléon à St Hélène, la Vallée de Chamounix. Sebron revendique 6 tableaux sur les 7 exposés. Nous savons que Charles Arrowsmith**, élève aussi de Daguerre, était présent. Les comptes-rendus de la presse indiquent toujours Sebron comme peintre. Il est certain que Sebron et Arrowsmith ont participé à ces travaux de peinture.

3°-Après le départ de Bouton en 1830, Daguerre se retrouve le seul gérant du Diorama. A cette même date, Arrowsmith était toujours présent (voir l'ouvrage de Gabet paru en 1831).

En 1831 Sebron va exposer son premier petit tableau au Diorama de Daguerre. Le 26 juin dans le journal des Artistes: "On y remarque aussi une Vue de Venise, prise du Palais des Arts, et qui est peinte par M. Sebron. On reconnaît dans ce tableau la vérité, l'effet et les qualités qui distinguent les ouvrages de M. Daguerre, dont ce jeune peintre paraît être le digne élève."

année 1832. Pas de nouveau tableau.

Pendant l'année 1832 Daguerre travaillait sur la technique de ses tableaux, ainsi que sur le procédé de Niépce. Il écrivait au graveur Alexandre Tardieu le 22 février 1832: "Je n'aurai rien à l'exposition: Depuis mon dernier tableau du Diorama je ne me suis occupé que de mon grand travail sur les effets que l'on peut obtenir de la lumière, travail que je pense mettre au jour cette année." &&& (arch J R). A notre avis, il ne s'agit pas des essais avec Niépce. Les deux inventeurs, à cette date, n'avaient pas encore obtenu des résultats permettant leurs divulgations, mais de ses recherches sur la chimie des couleurs. Le 22 février 1834, dans le compte-rendu d'un repas entre artistes (le Journal des Artistes): "dans les groupes formés ça et là. C'était M. Daguerre faisant part de ses savantes recherches sur la chimie des couleurs et de ses expérimentations faites en grand &&&".

Deuxième période: de 1833 à 1838. Peintures à double effet et mention de Sebron.

4° et 5°-Sebron revendique l'invention et le secret du double effet, ainsi que l'exécution de trois de ces tableaux.

Dans la notice du tableau de la Messe de Minuit distribuée au Diorama, Daguerre indique qu'il est l'inventeur de ce procédé. (voir la notice ci-dessus)

La collaboration officielle ne commencera qu'en 1833. Un événement important venait de se produire: Charles Arrowsmith, beau-frère de Daguerre, venait de disparaître. Daguerre, à cette date et pour cette raison, fera participer officiellement Sebron au Diorama.

Nous avons pour cette période la correspondance privée entre Daguerre et les Niépce; informations incontestables.

Daguerre, très occupé par ses différents travaux, est sollicité à différentes reprises par le fils de Niépce pour qu'il se rende en Bourgogne. Il fera les réponses suivantes, démontrant ainsi que Sebron n'était pas le seul à peindre les tableaux.

Lettre du 31 décembre 1833: "Je suis tellement occupé que je n'ai pas le temps de faire une seule opération; Je viens de terminer un petit tableau de 4,5 pieds* que je destine à l'exposition du Louvre; je suis présentement en train de faire pour le Diorama une vue représentant le Bassin central du Commerce à Gand. Elle sera finie pour le 15 mars; il est assez probable qu'il me sera possible d'aller passer une quinzaine de jours avec vous en avril ou en mai."

Lettre du 27 décembre 1834; au sujet de l'Intérieur de l'église de St Etienne du Mont. "Mais un tableau aussi compliqué a besoin de ma présence non seulement pour veiller à ce que tous les effets soient toujours bien exécutés, mais aussi pour répondre à toutes les demandes qui me sont adressées continuellement, voilà comme vous l'avez pensé le motif qui m'a empêché de m'absenter."

Dans la presse nous avons les détails suivants pour ce tableau: " et de manière à produire un effet juste, dans tous les moments, dans toutes les phases de dégradation du jour à l'obscurité, ou de l'obscurité au jour. Je veux parler aussi de cette savante combinaison chimique des couleurs, dont les unes retiennent plus ou moins longtemps la lumière après avoir été imprégnée, tandis que d'autres la laissent partir à l'instant.&&&". Nous retrouvons dans cette description, le procédé montré à Nicéphore au mois de septembre 1827. Pour ce tableau, les artistes organiseront un repas en l'honneur de Daguerre.

Lettre du 5 octobre 1835; au sujet du tableau de la Vallée de Goldau: "mon dernier tableau a été commencé dans le mois de février et je n'ai pu le terminer que le quinze septembre, en travaillant depuis six heures du matin jusqu'à la nuit et tous les jours de même......J'ai oublié de vous dire aussi que le retard de mon dernier tableau que je pensais finir au mois de juillet comme je vous l'avais écrit, a été causé par cette indisposition venue par l'extrême fatigue d'un si long travail; j'ai été forcé malgré moi de prendre un peu de repos; dans quelques jours je vais me purger afin d'être bien disposé à travailler." (Note de J R: A cause de l'inhalation des odeurs de peinture, les peintres étaient obligés de se purger régulièrement).

5°-Daguerre divulguera son procédé à double effet dans son opuscule en 1839.

6°-Contrairement aux affirmations de Sebron, Daguerre fera par la suite encore deux tableaux à effets: l'Inauguration du Temple de Salomon, exposé à partir du 15 septembre 1836, ainsi que le Sermon dans l'Eglise de Monréale en Sicile, exposé à partir du 15 mars 1838. Les trois derniers tableaux seront réduits en cendre dans l'incendie du Diorama en mars 1839.

Exposition au Louvre.

10°-"je ne cessai jamais depuis 1825 d'exposer au Louvre". Sebron a exposé pour la première fois au salon du Louvre en 1831: n° 1921 -Intérieur de l'église St. Wandrille, en Normandie. Il exposera sa copie du tableau d'Holyrood en 1838, lorsqu'il ne travailla plus pour le Diorama. Dans les livrets des expositions du Louvre, Sebron est mentionné au Diorama en 1835 et par contre à son adresse personnelle en 1838.

9°-voir la transcription de la note de Sebron.

10°-Peinture de chevalet.

Le Brouillard vu à travers un vestibule gothique.

- L'esquisse de 4 pieds peinte par moi fut vendue à Berlin et signée Daguerre. Voir ci-dessous.

 

En conclusion

Nous pensons avoir suffisamment démontré que la notice de Sebron n'est pas crédible. Les seules raisons plausibles qui ont motivé de tels mensonges contre l'inventeur du daguerréotype, sont peut-être la cupidité, la jalousie ou plus certainement profitant de "l'acharnement" contre Daguerre,

pour se venger, 20 ans après, d'avoir été remercié par ce dernier.

 

* Le fameux tableau de Mentienne, dit "La Vue du Mont Blanc": Nous avions donné l'information à Marc Pagneux au moment de sa vente: exposé en 1834 sous le n° 402 intitulé "Paysage". voir ci-dessous.

** Charles Arrowsmith a exposé au Louvre en 1827: n° 1418 Intérieur d'église de village, d'après nature.

Peintre d'intérieur; rue des Marais du Temple, n° 24; né à Paris en 1798, élève de M. Daguerre. Il a aussi exposé à Douai, en 1829 . Il a obtenu dans cette ville une médaille de bronze.

 

Le Brouillard vu à travers un vestibule gothique par Daguerre.

© Avec l'amicale autorisation de Gérard Lévy.

note de Gérard Lévy.

"Mon" Daguerre provient de la Collection du Vicomte VIGIER,

Vente Hôtel Drouot du 30 Avril 1970, lot n°34

Le Vicomte Joseph Vigier (1821 - 1894) est un important calotypiste Français.

Le fameux tableau de Mentienne, dit "La Vue du Mont Blanc", exposé au Louvre en 1834.

détail du tableau de 1834, intitulé "Paysage".

 

mise en ligne le 14 février 2008.

 

 

Nous disons à certains auteurs indélicats de respecter la propriété intellectuelle.