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©Le projet de contrat entre les Niépce et le Marquis de Jouffroy d'Abbans.1816-1817.

par J Roquencourt

 

Sommaire: Avant le départ de Claude Niépce en Angleterre, les Niépce envisagèrent une association avec le Marquis de Jouffroy, inventeur de la navigation à vapeur. L'échec (?) de cette association précipita le départ de Claude. Différentes raisons sont invoquées, entre autres, le Marquis était déjà en négociation avec le Sieur Dat. Les deux frères ne le savaient pas. Ils éprouvèrent du dépit que cette association ne puisse se réaliser. C'est à cette date qu'ils eurent l'idée de faire des essais sur les sels d'argent: donc en 1816 et non en 1814.

 

Plan du Pyréolophore déposé le 15 nov 1806 (brevet accordé en 1807 :Arch JR + I N P I)

Inventé par Nicéphore et Claude Niépce.

Principe:

"Voici en quoi consistait à peu près cet appareil: c'était un cylindre, muni d'un piston, où l'air atmosphérique était introduit à la densité ordinaire. L'on y projetait une matière très combustible, réduite à un grand état de ténuité, et qui restait un moment en suspension dans l'air, puis on y mettait le feu. L'inflammation produisait à peu près le même effet que si le fluide élastique eût été un mélange d'air et de gaz combustible, d'air et d'hydrogène carboné, par exemple; il y avait une sorte d'explosion et une dilatation subite du fluide élastique, dilatation que l'on mettait à profit en la faisant agir tout entière contre le piston. Celui-ci prenait un mouvement d'une amplitude quelconque, et la puissance motrice se trouvait ainsi réalisée. Rien n'empêchait ensuite de renouveler l'air et de recommencer une opération semblable à la première.

Cette machine, fort ingénieuse et intéressante surtout par la nouveauté de son principe, pêchait par un point capital. La matière dont on faisait usage comme combustible (c'était la poussière de lycopode, employée à produire les flammes sur nos théâtres) était trop chère pour que tout avantage ne disparût pas par cette cause; et malheureusement il était difficile d'employer un combustible d'un prix modéré....."

Sadi Carnot : Réflexions sur la puissance motrice du feu et sur les machines propres à développer cette puissance.1824.

L Carnot, lors de la présentation de ce nouveau principe moteur à l'Académie des Sciences en 1806, avait fait l'éloge du pyréolophore.

Par la suite, dans les années 1816 et 1817, Claude et Nicéphore Niépce conscients de cet inconvénient, feront des essais avec le pétrole.

En Angleterre, Claude démontra, théoriquement, que le mouvement perpétuel était possible. Il en informa son frère. (arch privée)

 

Expérience du marquis de Jouffroy faite sur la Saône à Lyon, le 15 juillet 1783. (Figuier)

Maquette du bateau du Marquis de Jouffroy au.Musee de la Marine

Octroi de Louis XVIII du 23 avril 1816, pour le compte du Marquis de Jouffroy. (Arch JR).

Article 1er

Il est accordé au Marquis de Jouffroy un privilège exclusif de quinze années pour la navigation par les moyens des bateaux et des pompes à feu.

Article 3ième

Le Marquis de Jouffroy sera tenu de rembourser aux différentes compagnies qui ont obtenu des brevets d'importation, les dépenses &&&&

correspondances entre le Marquis de Jouffroy et son associé le Sieur Dat. (Arch JR)

Contrat passé entre le Marquis de Jouffroy et le Sieur Dat le trente septembre 1816.

Art 1er.

Il y a association en nom collectif entre les sus nommés pour exploiter en France les Bateaux à Vapeurs,

de l'invention et du perfectionnement de Monsieur le Marquis de Jouffroy, pendant toute la durée du privilège obtenu par lui pour quinze années, qui ont commencé du 23 avril 1816.

Art 2ème.

Le fruit de cette exploitation sera divisé en dix portions égales, cinq appartiendront à Monsieur Dat

et cinq à Monsieur le Marquis de Jouffroy.

Art 3ème

Au sujet du Marquis..

.......Qu'il n'a fait, ni ne fera jamais de transaction qui préjudicie à la dite Compagnie.

Art 4ème

Monsieur Dat fait le versement à la Société la somme de cent quarante mille francs ainsi que le reconnaît Monsieur le Marquis de Jouffroy.

Laquelle somme de cent quarante mille francs a été employée aux premières constructions faites jusqu'à ce jour, de bateaux et machines à vapeur et aux premiers frais de l'établissement de la compagnie.

&&&

Art 5ème

Pendant toute la durée du privilège d'exploitation, Monsieur le Marquis de Jouffroy prend l'engagement de se livrer exclusivement de sa personne à tous les travaux qu'exigeront les constructions, à ne faire aucun usage étranger à la Société, des découvertes de perfectionnement que les travaux pourraient lui suggérer le tout aux mêmes clauses et condition de garantie envers elles, qui se trouvent exprimées en l'article 3, d'autre part Monsieur de Jouffroy prendra en conséquence le titre de Directeur Général des Constructions.

Art 6ème

Monsieur Dat sera l'administrateur général des intérêts commerciaux de la compagnie, il prendra le titre qu'il jugera convenir à cette fonction.&&&

en tout 19 articles.

Le Charles-Philippe, lancé sur la Seine, à Bercy, par le marquis de Jouffroy, le 20 août 1816 (Figuier)

Les frères Niépce en parlent abondamment dans leur correspondance.


Remarques: Les raisons, à notre avis, de l'échec des pourparlers entre les Jouffroy et les Niépce sont nombreuses, voire multiples:

-La démonstration, de la possibilité d'utiliser les pompes à feu sur un bateau, avait été faite par le Marquis de Jouffroy. Il avait remonté la Saône à Lyon, à contre courant.

-Les Niépce n'avaient pas de brevet pour l'application de leur principe moteur et nos recherches nous ont montré que l'utilisation de ce nouveau principe moteur était étudié pour le mettre en application, même en Angleterre.

-Pour les Niépce et les Jouffroy, il restait à faire la démonstration qu'un bateau à grande échelle, équipé du pyréolophore pouvait remonter un courant d'eau contraire. Les Niépce avaient fait naviguer une maquette sur un étang et sur la Saône.

-A cette date, les deux frères avaient projeté de réaliser un grand modèle et pour eux, l'association espérée avec les Jouffroy père et fils, leur aurait permis de réaliser ce projet à moindre coût.

-Le problème du coût du carburant n'était pas résolu. Les frères expérimentaient l'utilisation du pétrole.

-Il fallait, si le pyréolophore avait été prêt à être utilisé, solliciter un nouvel octroi d'application au roi. L'octroi de Louis XVIII était accordé pour les pompes à feu.

-Fulton, lors de ses essais aux Etats-Unis, avait démontré la faisabilité technique et commerciale de la navigation à vapeur avec de grands bateaux.

-Les concurrents des Jouffroy avaient effectué une démonstration concluante entre l'Angleterre et Paris: la Elise avait navigué malgré une forte tempête.

-Il fallait pour les Jouffroy, balancer entre les contradicteurs, les procès pour éviter de rembourser les frais comme l'exigeait l'article 3 de l'octroi royal et les incertitudes du moteur des deux frères.

-Voir l'objection de Dat contre le Marquis, au sujet de ses émoluments. Lettre ci-dessus.

-En définitive, pour conclure, nous ne voyons pas l'intérêt, pour les Jouffroy, à utiliser un principe moteur n'ayant pas démontré cette faisabilité technique à grande échelle; car il y a un monde entre un prototype et une application réelle; il y avait trop d'incertitudes et il y avait urgence!. Voir à ce sujet l'article 3 du contrat entre Jouffroy et Dat.

-Référence: L'invention de la photographie: une tragédie (à paraître)

Bernard Lefebvre cherchant la sépulture de Claude Niépce à Kew.

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mis en ligne le 18 février 2008.

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