reponse

 

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© Hippolyte Bayard reçu par l'Académie des beaux-arts.

(fils du juge de paix Emmanuel Bayard)

par Jacques Darcy-Roquencourt.

H. Bayard. Autoportrait en noyé, octobre 1840. (positif direct)

« Le cadavre du Monsieur que vous voyez ci-derrière est celui de M. Bayard, inventeur du procédé dont vous venez de voir, ou dont vous allez voir les merveilleux résultats. À ma connaissance, il y a à peu près trois ans* que cet ingénieux et infatigable chercheur s'occupait de perfectionner son invention.

L'Académie, le Roi et tous ceux qui ont vu ses dessins que lui trouvait imparfaits, les ont admirés comme vous les admirez en ce moment. Cela lui a fait beaucoup d'honneur et ne lui a pas valu un liard. Le gouvernement, qui avait beaucoup trop donné à M. Daguerre, a dit ne pouvoir rien faire pour M. Bayard et le malheureux s'est noyé. Oh ! Instabilité des choses humaines ! Les artistes, les savants, les journaux se sont occupés de lui pendant longtemps et aujourd'hui qu'il y a plusieurs jours qu'il est exposé à la morgue, personne ne l'a encore reconnu, ni réclamé. Messieurs et Dames, passons à d'autres, de crainte que votre odorat ne soit affecté, car la tête du Monsieur et ses mains commencent à pourrir, comme vous pouvez le remarquer. »

* Affirmation de Bayard à l'Académie des beaux-arts.

 

Avant propos: En 1989, Bernard Lefebvre nous a confié ses archives; celles-ci contenaient la copie des manuscrits de Biot à Talbot. Nous avons donc pu effectuer cette étude. Nous avons communiqué nos conclusions à Anne de Mondenard, lorsque cette dernière préparait son exposition sur la Mission Héliographique. (Anne de Mondenard, page 26 de son livre sur la Mission Héliographique paru en 2002, est aussi peu convaincue sur "le Bayard inventeur". : http://editions.monuments-nationaux.fr/fr/le-catalogue/bdd/livre/111.)

Nota: sur ce site, les écrits en bleu sont des liens.

Sommaire: La correspondance de Jean-Baptiste Biot avec Talbot, les communications aux Académies des sciences et des beaux-arts, nous permettent, en reprenant la chronologie des événements, de faire apparaître la contribution d'Hippolyte Bayard à l'invention de la photographie, sous son véritable aspect.

 

Chronologie des faits:

Nota: Lire attentivement la correspondance de Jean-Baptiste Biot.

18 février 1839.

-Biot communique à l'Académie des sciences le procédé sur papier de Daguerre: précision indiquée; le papier est plus sensible en l'employant humide.

25 février 1839.

-Biot communique à l'Académie des sciences le procédé sur papier de Talbot.

20, 22 mars 1839.

 

-Le procédé_sur_papier_de_Daguerre. janvier, février 1839.

-Selon les indications de Bayard mentionnées au début de son cahier d'essais, en haut de la troisième page*, ce dernier aurait obtenu des épreuves en sens direct dans la chambre noire et aurait montré ses essais à Grevedon et à Saint.

*-cahier d'essais des différents procédés publiés. Nous ferons remarquer que ce texte a été écrit dans le même jet, donc après le 10 juin.

8 avril 1839.

-Le chimiste Lassaigne divulgue son procédé_positif à l'Académie des sciences. Bayard n'a pas encore vu Arago. Pas de paquet cacheté déposé à l'Académie des sciences, ni de protestations de Bayard.

13 mai 1839.

-Bayard montre ses essais à Biot. (indications de Bayard à l'Académie des beaux-arts le 2 novembre 1839: Il ne communiqua pas son procédé)

20 mai 1839.

-Bayard montre ses essais à Arago. (indications de Bayard à l'Académie des beaux-arts le 2 novembre 1839: Il ne communiqua pas son procédé)

27 mai 1839.

-Biot à Talbot.

" Il y a à Paris quelques personnes qui cultivent votre art c'est à dire qu'elles font des dessins photogéniques, où elles obtiennent directement les lumières reproduites par des lumières, en se servant de la radiation pour blanchir le papier noirci par le chlorure d'argent, en y répandant une couche d'iodure de Potassium*. L'une de ces personnes est Mr Lassaigne, chimiste ingénieur, dont vous connaissez peut être plusieurs mémoires intéressants, lui et une autre personne, m'avaient montré des calques de gravures, et même des dessins à la chambre noire, obtenus avec assez de netteté, par ce procédé. Je leur avais demandé, et elles m'avaient promis, quelques dessins ainsi tracés, sur une feuille de papier à lettre, que j'aurais achevé de remplir par mes remerciements. mais elles ne m'ont pas tenus parole...."

-*Cette autre ne peut être Bayard; il communiquera son procédé le 24 février 1840: lire les commentaires suivants.

14 juillet 1839.

-Bayard montre et donne des photographies dans le cadre d'une exposition au bénéfice des sinistrés de la Martinique.

-Cette exposition prévue le 1er Juillet, fût repoussée au 14 juillet. Il n'y a donc jamais eu d'exposition le 24 juin 1839: Bayard, qui connaissait cette fausse date, se garda bien de la faire rectifier. (voir les CR dans la revue de la SFP)

19 août 1839.

-Divulgation des procédés de Niépce et de Daguerre.Dans le procédé de Daguerre, l'image latente est révélée par les vapeurs de mercure.

19 septembre 1839. inédit (com priv)

-Bayard sollicite l'Académie des beaux-arts pour lui montrer ses essais en positif direct. (contredit l'affirmation de timidité de Bayard)

"Ces dessins n'ont point toute la finesse et toute l'exactitude de détails que l'on trouve dans ceux produits par le Daguerreoptique (sic)....Mon procédé est d'ailleurs susceptible de perfectionnement et outre que ce serait un grand encouragement pour moi, si Messieurs les membres de l'Académie des beaux-arts voulaient en faire l'honneur d'examiner les résultats obtenus, je ferais probablement de nouveaux progrès à leurs observations et à leurs conseils. &&&": à la, lecture de cette lettre, nous constatons que Bayard n'avait pas l'intention de communiquer son procédé.

2 novembre 1839.

-Rapport de l'Académie des beaux-arts.

-Selon les indications de Bayard à l'Académie des beaux-arts: "Ce fût le 20 mars suivant, qu'il obtint, par le procédé qui lui est propre, la première image en sens direct " &&& (sans indiquer le mode opératoire, ni mentionner qu'il aurait montré ses essais le 22 mars à Grevedon, lithographe et portraitiste réputé)

-Bayard recevra 600 francs du ministre de l'intérieur pour acheté une chambre noire plus parfaite et améliorer son procédé.

10 novembre 1839.

-Biot à Talbot.

"il y a ici un monsieur Bayard, qui a présenté à l'académie des beaux-arts des épreuves de ce genre, faites à la chambre obscure, dont l'effet à paru très satisfaisant par les motifs que je viens de rappeler, quoiqu'il fut excessivement inférieur a celui que Daguerre produit. Les contours sont mous et indécis, les demi-teintes sont détruites, ou très imparfaites..... du reste personne ne l'a vu opérer, et il n'a pas fait connaître son procédé...."

11 novembre 1839.

-Bayard dépose un paquet cacheté à l'Académie des sciences.

11 février 1840.

-Biot à Talbot.

"il y a ici un Mr Bayard, employé aux finances, qui, non pas avant l'exhibition de Daguerre, mais avant la publication de son procédé (donc le 14 juillet 1839 note de JR), a montré des épreuves faites ainsi dans la chambre noire avec beaucoup d'agrément. mais il n'a pas fait connaître son moyen; et comme il en veut, je crois, tirer un parti plus profitable pour lui, que scientifique."

24 février 1840.

-Bayard communique son procédé à l'Académie des sciences.

"J'avais différé jusqu'à ce jour de rendre public le procédé photographique dont je suis l'auteur, voulant rendre auparavant ce procédé aussi parfait que possible, mais je n'ai pu empêcher qu'il n'en transpirât quelque chose, et qu'on pourrait ainsi, en profitant plus ou moins de mon travail, m'enlever l'honneur de la découverte, je ne crois pas devoir tarder plus longtemps à faire connaître la méthode qui m'a réussi.&&&"

2 mars 1840.

-réclamation de Lassaigne à l'Académie des sciences.

"Les procédés photogéniques que viennent de publier MM Bayard et Vérignon étant fondés sur le principe que j'ai d'abord reconnu, et que j'ai mis à exécution, il y a environ un an, pour calquer des gravures par l'action de la lumière, j'ai l'honneur de rappeler que le 8 avril 1839, &&&&"

7 mars 1840.

-Biot à Talbot:

"Voici que Mr Bayard, qui avait obtenu des épreuves directes, sur papier, dans la chambre obscure, avant que Daguerre eut déclaré sa méthode, vient de publier la sienne dans le compte-rendu de notre académie, pour la séance du 24 février dernier. Cette méthode n'était autre que l'application d'une solution d'iodure de potassium sur un papier sensible, préparé par votre procédé et préalablement noirci par la radiation (en utilisant la méthode de Talbot exposée au début mars de l'année 1839: note de JR), ce que Mr Lassaigne avait déjà fait connaître avant lui ce moyen d'obtenir les clairs et les ombres à leurs vraies places. mais Mr Lassaigne, à ma connaissance, n'avait jamais pu réussir ainsi qu'à reproduire des gravures par superposition immédiate; et il avait toujours échoué a obtenir des dessins par voie directe, dans la chambre obscure. Mr Bayard au contraire, les obtient et les obtenait ainsi, en prenant la précaution d'opérer sur le papier humide, et entretenu dans cet état pendant l'opération. il n'a déclaré cette modification essentielle que parce qu'il a vu que deux autres personnes Mrs Vérignon et Lebrun avaient trouvé ce secret, comme vous le verrez par le petit dessin d'une statuette qu'ils m'ont donné, et que j'insère dans cette lettre. vous aurez la preuve que le dessin est obtenu par l'iodure, en présentant un instant le revers devant le feu de votre cheminée; car il verdira aussitôt, et cette teinte disparaîtra par le refroidissement. Mr Bayard à qui j'avais montré vos dessins a voulu leur faire subir cette épreuve; mais je ne l'ai pas permise, ne voulant pas laisser prendre ainsi d'induction sur votre procédé, tant qu'il ne vous aura pas convenu de nous le découvrir. je n'ai pas besoin de vous dire qu'il ne faut pas juger le procédé dont il s'agit par ce petit dessin de Mrs Lebrun et Vérignon que je vous envoie car ce sont des jeunes gens très peu à leur aise, et qui n'ont opéré qu'avec des appareils très imparfaits n'ayant pas pu en avoir de meilleurs or la boîte des appareils, doit influer immensément sur les résultats...."

10 mars 1840.

-Mise au point d'Arago:

"Le procédé indiqué par MM Vérignon et Bayard ne diffère en rien (en italique dans le texte note de JR) de celui de M Lassaigne, que M. Fyfe, de son côté, a imaginé et communiqué à la Société des Arts d'Edimbourg, le 17 avril 1839.&&&". Il s'avère aussi que Lassaigne et Fyfe ont employé les premiers le papier humide, précision ignorée, semble t'il, par Bayard, Vérignon et Biot. (Voir la copie des précisions d'Arago, en fin de page.)

Par la date des publications et les précisions apportées par Arago, Lassaigne est bien l'inventeur de ce procédé, procédé publié complètement le 10 avril 1839. (note de JR)

24 octobre 1840. inédit (com priv)

-Ne pouvant plus convaincre l'Académie des sciences, il sollicite, une nouvelle foi, l'Académie des beaux-arts pour lui montrer les "améliorations" de ses essais en positif direct. (voir la lettre du 19 septembre 1839)

"l'approbation que l'Académie a bien voulu donner à mes essais, m'a encouragé à faire tous mes efforts pour perfectionner mon procédé et je suis parvenu à pouvoir obtenir des dessins beaucoup plus grands et plus nets que les premiers....".

11 janvier 1841.

-Becquerel, par l'intermédiaire de J B Biot, énonce les principes de l'image latente. Communication à l'Académie des sciences.

14 janvier 1841.

-Biot à Talbot.

"Il (Bayard) est arrivé à obtenir des dessins, fait par la chambre obscure dont les artistes habiles m'ont paru très charmé. Mais il tient son procédé secret et comme il n'a aucune notion de chimie, je crains fort que sa routine seule le guide." (Biot ne sait pas que Bayard montre, une nouvelle foi, des photographies obtenues avec le procédé de Lassaigne.)

28 janvier 1841.

-Talbot annonce à Biot, la découverte de l'image latente sur papier.

1er février 1841.

-Biot communique la découverte de Talbot à l'Académie des sciences.

8 février 1841.

-A l'annonce faite par Talbot, Bayard revendique la priorité de la découverte de l'image latente et demande l'ouverture du paquet déposé à l'académie, le 11 novembre 1839.

9 février 1841.

-Biot à Talbot:

"Un inventeur pouvant toujours se réserver le secret de sa découverte, tant qu'il le juge convenable, sans être tenu de rendre compte de ses motifs à personne; et sans être obligé de fixer d'avance telle ou telle époque à la publication.

Je ne vous avais donc pas écrit sur ce sujet la semaine dernière, persuadé que vous penseriez bien que je n'aurais pas négligé de remplir vos intentions. mais la seule annonce de vos résultats a déterminé une personne, qui a cru avoir quelque chose d'analogue, à s'en assurer la possession publique, ce qui a eu lieu dans la séance d'hier; et je me hâte de vous en faire part.

Cette personne est un Mr Bayard, employé aux finances dont je vous ai quelque fois parlé, comme s'étant depuis longtemps occupé de dessins photogéniques, sans avoir, je crois aucune connaissance bien précise, ou bien étendue, de chimie ni de physique, mais avec une ténacité, et une constance qui l'ont amené a obtenir, sur des papiers sensibles, un grand nombre de dessins faits par le moyen de la chambre obscure, desquels nos artistes se sont montre, extrêmement satisfaits.

Jusqu'ici, Mr Bayard n'avait donne aucune notion publique quelconque de ses procédés. et, ce qu'il a dévoilé hier, paraître n'être pas le plus parfait de ceux dont il est en possession, du moins on peut le supposer d'après le contenu de la lettre qu'il a adressée à l'académie. car il l'a énoncé comme étant un des procédés dont il avait fait depuis longtemps le dépôt à l'académie, dans un papier cacheté, qu'il a demandé hier qu'on ouvrit, ce qui a été fait; et voici en quoi de procédé il consiste, sauf inexactitude; car je vous le décris de mémoire n'ayant pas sa lettre sous les yeux.

Mr Bayard a employé du papier, d'abord imprégné d'une solution de bromure d'argent de potasse et postérieurement de nitrate d'argent. C'est un mode de préparation que vous avez donné. Il expose ce papier, encore humide, pendant quelque temps, dans la chambre obscure, en présence des objets qu'il veut retracer. Il ne dit pas pendant combien de temps; Mais cette exposition est assez restreinte pour que le papier retiré de l'appareil, et examiné dans l'obscurité, ne présente aucune trace sensible d'image produite. alors il l'expose, à la vapeur du mercure, comme la plaque d'iode de Daguerre; et l'image formée devient immédiatement visible, d'invisible qu'elle était.....il m'a paru très noir, quant aux contours, mais ce n'est pas sans doute son dernier procédé. Car j'ai vu de lui des dessins beaucoup plus nets, résultant d'opérations qu'il tient secrètes encore."

2 mars 1843.

-Jones Richard à Talbot: au sujet du procédé de Bayard.

"Le procédé de M. Bayard est tout à fait différent du vôtre, au préalable il noircit le papier à la lumière avant de le mettre dans la chambre obscure, ensuite il le plonge dans un liquide qui le rend sensible à la lumière et produit ainsi, une image positive.....

....alors que j'étais à Paris en Mai dernier,......je l'ai vu recevoir de la Société d'Encouragement 4000 francs, il a été obligé, en cas de son décès, de déposer le secret auprès du Baron Seguier, qui m'a dit que la méthode est merveilleusement simple. J'ai plutôt tendance à croire qu'il sera obligé de le publier après une certain temps....."

Nous contatons que Bayard utilise à cette date, le procédé identique à celui de Lassaigne, en faisant croire que ce procédé est une nouvelle invention. Il ne divulguera pas ce procédé avant la mort d'Arago.

2 septembre 1854.

- Dans le journal la Lumière: Après le décès d'Arago, au moment où les attaques contre Daguerre étaient à leur paroxysme, Bayard mentionna que l'académicien "avait" fait pression sur lui, pour ne pas annoncer son procédé. (les faits et les dates ne confirment pas ses affirmations.)

-Nous sommes toujours "circonspect" de lire les réclamations faites après le décès des personnes mises en cause.

 

 

Nota:

-Nous avons eu l'occasion d'examiner le carnet d'essais de Bayard conservé à la S F P; il n' y a pas de dates précises pour chaque essai. On peut affirmer, à l'examen de ce carnet, que Bayard procède à des expériences dès la divulgation des procédés par les inventeurs. Cette analyse correspond aux commentaires de Biot.

-Certains auteurs ont vu en Bayard, l'inventeur inconnu. Il suffit de lire attentivement les ouvrages de Charles Chevalier pour ne pas retenir cette hypothèse et c'est bien mal connaître la personnalité de ce dernier pour ne pas avoir compris. Nous en trouvons la raison dans le plaidoyer d'Arthur Chevalier pour son père, distribué à ses anciens amis. Correspondance de Mr Courbe à Arthur Chevalier, page 173: " Charles Chevalier paraissait à l'époque dominé par le désir de se faire un nom...".

-L'hypothèse de Bayard inventeur prend tout son sens avec l'affaire Niépce-Daguerre utilisée par les détracteurs de ce dernier contre Arago.

 

Bayard: Opportuniste ou inventeur?

 

A la suite de la communication du procédé de Daguerre, il a supposé et vérifié, en utilisant les méthodes de Talbot (sensibiliser le papier) et de Daguerre (révéler l'image latente avec les vapeurs de mercure), qu'il existait une image latente négative sur papier, et cela, avant Talbot en septembre 1840.

Sa démarche est identique pour le procédé positif direct: il utilise la méthode, de Talbot (sensibiliser pour noircir à la lumière), de Daguerre (papier humide pour diminuer le temps de pose) et de Lassaigne (pour éclaircir et obtenir un positif direct) .

 

En conclusion:

Bayard est le découvreur de l'image latente sur papier, mais sans les découvertes de Daguerre et de Talbot, il n'aurait pas eu connaissance de l'image latente, ni pu confirmer son existence.

Un opportuniste, dans son insistance à revendiquer l'invention du procédé positif direct.

La photographie du noyé (voulant se faire passer pour une victime) accompagnée de ce commentaire " Cela lui a fait beaucoup d'honneur et ne lui a pas valu un liard. Le gouvernement, qui avait beaucoup trop donné à M. Daguerre" ,

ainsi que les remarques de J B Biot, démontrent que Bayard, à l'affût des publications de l'Académie des sciences, était motivé par l'appât du gain.

 

 

Nous sommes loin du Bayard véhiculé par les historiens.....

A ce sujet:

Une étude remarquable sur "le Bayard véhiculé par les historiens" a été effectuée en septembre 2005 par Valérie ALBAC sous le titre suivant:

"FACE A CE QUI SE DEROBE: LA REPONSE DE L'HISTORIOGRAPHIE AUX SILENCES D'HIPPOLYTE BAYARD"

Ce mémoire, non édité, est consultable à la bibliothèque de la Société Française de Photographie: http://www.sfp.photographie.com/

 

Observations et commentaires:

1-Cette identité de démarche dans les deux procédés, faisant appel aux découvertes des inventeurs, confirme bien l'opinion de J B Biot sur les connaissances supposées en chimie de Bayard: " je crois aucune connaissance bien précise, ou bien étendue, de chimie ni de physique".

2-Cette identité de démarche, infirme les prétendues recherches de Bayard antérieures à l'annonce d'Arago du 7 janvier 1839.

3-Bayard appela "son" procédé négatif sur papier "daguerréotype sur papier".

4-Tout comme Bayard, si Talbot n'avait pas connu le procédé de Daguerre, il n'aurait certainement pas inventé son procédé calotype en septembre 1840.

5-Nous rappelons que dans le procédé de Niépce, il faut dépouiller l'image, c'est à dire enlever le bitume qui n'a pas était insolé: la révélation fait apparaître, sans ôter le produit. Nous avons aussi indiqué, dans l'une de nos notes antérieures, qu'en cas de faible concentration de bitume de Judée, l'image était visible après exposition à la lumière. Voir la note à ce sujet, dans l'opuscule de Daguerre. L'image latente est bien le phénomène physique essentiel à l'origine de la diminution du temps de pose.

6-Au sujet du rapport de l'Académie des beaux-arts, nous ferons remarquer, qu'il n'existe aucune preuve réelle et vérifiable des dates du 20 et 22 mars 1839 pour les premiers essais de Bayard. Lorsque ce dernier montra ses photographies, il n'indiqua jamais le procédé utilisé; relire à ce sujet les commentaires de J B Biot. A ces mêmes dates, Bayard, n'ayant pas encore rencontré et montré ses essais aux deux scientifiques, avait toute possibilité de déposer un paquet cacheté à l'Académie des sciences ou de protester lorsque Lassaigne communiqua son procédé le 8 avril 1839. Il est aussi évident que le chimiste Lassaigne procédera à des essais avant cette date.

A ce sujet, Lassaigne écrit: " L'action que le solutun d'iodure de potassium exerce, sur le sous-chlorure d'argent brun qui passe promptement à l'état d'iodure d'argent jaune, sous l'influence de la lumière directe ou réfractée, nous a fait employer un des premiers, cet iodure pour obtenir des dessins photographiques sur du papier noirci par le sous-chlorure d'argent."

7-La lettre du 18 septembre 1839 à l'Académie des beaux-arts, la communication du 24 février 1840 à l'Académie des sciences, la lettre du 24 octobre de la même année à l'Académie des beaux-arts, ainsi que la photographie du noyé, confirment que Bayard n'avait nullement l'intention de communiquer le procédé direct en 1839. De même, celles-ci infirment les hypothèses de choix politique ou d'exclusion de Bayard par Arago la même année.

Par la date des publications et les précisions apportées par Arago, Lassaigne est bien l'inventeur de ce procédé, procédé publié complètement le 10 avril 1839, bien avant la visite de Bayard à Arago pour lui montrer ses essais.

Nous ferons aussi remarquer que ce dernier n'a exercé aucune pression sur Lassaigne, ce qui rend ces hypothèses non crédibles.

8-N'ayant rien obtenu de la part du gouvernement, après sa communication à l'Académie des beaux-arts le 24 octobre 1840, Bayard réalisera sa célèbre mise en scène du noyé, photographie datée aussi d'octobre 1840. La mise au point d'Arago ne lui permettait plus d'obtenir une quelconque récompense financière de la part du gouvernement.

Bayard impliquera part la suite l'académicien, en inventant ce prétexte fallacieux!

Mise au point d'Arago, datée du 10 mars 1840, précisant l'emploi du papier humide par Fyfe et Lassaigne, dès 1839.

Les mentions d'utilsation du papier humide sont en italique.

Par les dates de publication, Lassaigne est prioritaire sur Fyfe, pour l'invention du positif direct.

 

Vérification avec le procédé_sur_papier_de_Daguerre,

de la révélation de l'image latente négative avec les vapeurs de mercure.

©photographie Jacques Roquencourt

Procédé de Talbot: Photogenic drawing negative (août 2008, format 13X18 cm, objectif de Petzval à F/4, 1H30 de pose, fixage eau salée)

Inversion avec photoshop.

références: 

-L'invention de la photographie: une tragédie (à paraître).

-Compte rendu de l'Académie des sciences.

-Compte rendu de l'Académie des beaux-arts.

 

Étude faite entre 1989 et 1991. Mise en ligne partielle le 18 janvier 2008.

 

 

Avertissement.

Nous re-disons à certains auteurs ou universitaires indélicats de respecter la propriété intellectuelle.

 

 

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